Les agences de notations sont stratégiques. Pour défendre ses intérêts, la Chine vient de lancer son agence de notation en Europe. Mais qui sont les acteurs derrière ces structures qui font et défont des Etats et l’économie ? Quels sont les enjeux ?
Selon un document publié en mai 2012 par la Banque de France, Fitch Ratings est contrôlée, à travers Fitch Group, à hauteur de 60 % par le groupe français FIMALAC, dirigé par Marc Ladreit de Lacharrière. Les 40 % restants seraient américain et détenus par le groupe américain Hearst Corporation.
Moody’s Investor Relation est la société de Moody’s Corporation. Les principaux actionnaires sont Berkshire Hathaway Inc. (12,8 %) dirigé par le milliardaire américain Warren Buffett, Capital World Investors (12,6 %), Valueact Holding LP (7,47 %) ou encore State Street Corp. (3,24 %).
Quant à Standard & Poor’s, l’agence est détenue à 100 % par la maison d’édition McGraw-Hill qui publie notamment le journal Business Week ainsi que de nombreux journaux financiers. Son actionnaire principal est la société d’investissement Capital World, laquelle détient aussi une participation dans Moody’s Corporation. « D’autres entités telles que Vanguard Group Onc., State Street Corp. ou encore Black Rock Inc. sont également actionnaires directs ou indirects des deux agences de notation » indique le document.
L’Europe met fin à leur pouvoir
L’Union européenne vient de prendre un certain nombre de mesures en vue de limiter l’importance des agences de notation et les ramener à leurs objectifs initiaux. Historiquement, les notations fournies par les agences n’avaient objectivement pas plus de valeur que celles d’autres analystes ou experts économiques. « La législation américaine a d’abord introduit le statut d’« agence de notation agréée », c’est-à-dire une agence enregistrée dont les notations sont utilisées d’un point de vue réglementaire (à ce jour, la SEC en supervise dix mais les trois principales sont Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch). Les textes de référence peuvent, par exemple, exiger que certains investisseurs institutionnels n’achètent que des titres bien notés.Par ailleurs, depuis les accords de Bâle II, la réglementation bancaire internationale fait référence aux notations des agences pour l’évaluation du risque de défaut et le calcul des fonds propres » explique les analystes de la Banque de France.
La Chine lance son agence de notation en Europe
La cotation des Etats, Institutions et produits est évidemment un point clé. A ce titre, la Chine vient de déployer une branche européenne de Dagong Global Credit Rating Co., nouvelle agence de notation financière. Elle vient de commencer son activité en Europe, le 13 juin dernier, après avoir obtenu l’autorisation de l’Autorité européenne des marchés financiers. L’objectif est de promouvoir les capitaux et investissements chinois par le biais des armes de la cotation. L’agence est moins clémente que les structures occidentales sur les cotations des dettes souveraines avec pour effet, d’orienter ou non les investissements de la deuxième puissance mondiale et des investisseurs de la planète.
Dagong note par exemple les Etats-Unis avec une cote A mais des perspectives négatives. La France bénéficie d’un A+ mais des perspectives négatives. C’est identique pour le Royaume-Uni. L’Allemagne, bon élève de l’Europe dispose d’un A+ avec une perspective stable.
Comme toutes les guerres, la guerre économique passe d’abord par l’information.